Les différences de point de vue peuvent complexifier une histoire aux relations pourtant simples. Quelques mots d’introduction qui définissent, en un sens, le cadre de cette production de Laetitia Colombani.
Tautou complet
Si vous avez apprécié le jeu d’Audrey Tautou lorsqu’elle incarnait la petite « Amélie Poulain », si vous avez craqué sur ses petits yeux émerveillés de la beauté du monde, ce regard naïf et espiègle, sa voix à l’élocution parfaite et pénétrante, vous fonderez forcément dans son rôle de « fatale Angélique ».
« Angélique », notre petite Angélique, qui nous est si cher, si belle, si amoureuse, si fragile et pourtant si dynamique, si vraie tu es hélas peut-être trop plongée dans ton monde.
Ton sourire anjoleur et tes divines formes masquent à peine les tourments de tes passions.
Dans un couple il y a au moins deux personnes
L’évidence exprimée par cette phrase paraît pourtant anecdotique, secondaire, lorsque l’on voit les trésors de malice muent par sa folie pour parvenir à ses fins. Loïc et Rachel feront les frais de ce petit diablotin au corps d’ange.
Loïc, fruit de sa passion, de son monde, sa vérité, son mensonge symbolise le point de mire de sa vie. Est-il l’amant ne parvenant pas à quitter sa femme ? Est-il le rustre qui laisse seule sa compagne des nuits entières ? Ou est-il tout simplement un homme victime d’un bourreau aussi tenace qu’insoupçonnable ?
Angélique connaît sa vérité.
Le parallèle des vérités
Laetitia Colombani construit la première partie de son film autour de la réalité d’Angélique avant de revenir sur la réalité de Loic puis elle décide de les réunir.
Les personnages se croisent mais les angles sont différents, les points de vue diverge. La réalisatrice s’amuse à nous montrer les faces multiples des vérités.
Car rien n’est acquis, rien ne paraît réelle.
L’air de rien, par petites touches elle nous interpelle sur le sens des réalités. Le monde n’est-il pas celui que l’on perçoit ? En un sens, « A la folie pas du tout » constitue certes un très bon film de passions s’interrogent sur l’amour et un type particulier de folie, mais pose aussi la question du « cadre de référence » : nous vivons tous dans la même réalité, nous contribuons aux mêmes actions et pourtant nos perceptions divergent.
Cet entrecroisement des vérités, portées par un excellent jeu d’acteur, débouche, non pas sur le film du siècle, mais sur une excellente œuvre que je vous recommande chaudement.
.::Jean |