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Un film de Kiju Yoshida
Pays d'origine Japon
Durée 2h09
Sortie en France 02/04/2003
Sortie Mondiale
2001

Avec
Mariko Okada (Ai Kawase)
Yoshiko Tanaka (Masako)
Sae Issiki (Natsuki)
Hideo Murata (M. Goda)
Tokuma Nishioka (le protecteur)
Mirai Yamamoto (La journaliste)

Scénario Kiju Yoshida
Musique Keiko Harada et Mayumi Miyata
Production Shinichi Takata Takumi Ogawa Philippe Jacquier Yutaka Shimomura
Distribution Les Films du Paradoxe





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Cette oeuvre a été notée 4

Femmes en miroir
(Kagami no onnatachi)
 
Japon, l'année zéro et l'infini
 

15/04/2003
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Vétéran du cinéma japonais, Kiju Yoshida a longtemps porté en lui le traumatisme de Hiroshima sans pouvoir l’exprimer à l’écran. On comprend aisément la distance nécessaire pour évoquer ce véritable trou noir de l’Histoire récente, cette béance apocalyptique qui constitue un des points aveugles du 20ème siècle, au même titre que Auschwitz. Comment appréhender moralement et artistiquement cette césure radicale, cette négation de l’Humanité aux conséquences éternelles et indicibles ?
Yoshida, à travers l’histoire de trois femmes, nous propose son approche, d’une belle sensibilité et d’une grande application visuelle. S’il n’échappe pas à une certaine rigidité formelle, son propos nous touche par sa justesse.

Trois femmes et l’Histoire

Le récit, ouvertement métaphorique, entremêle au début du nouveau siècle, le destin de trois femmes, qui représentent autant de générations japonaises, marquées dans leur chair et leurs gènes par la catastrophe nucléaire. Au premier lieu, Ai Kawase, survivante du drame et qui n’a plus de nouvelles de Miwa, sa fille disparue 24 ans plutôt après avoir donné naissance à Natsuki. Cette dernière a été élevée par sa grand-mère et la considère comme sa propre mère. Le film débute par la réapparition de Miwa, qui est devenue amnésique et ne se souvient plus du tout de son passé trouble, à l’exception de quelques opaques fulgurances. Le doute plane sur sa véritable identité. Qui est-elle réellement ? Est-elle la fille de Ai et la mère de Natsuki ?
Pour répondre à ces questions, il faudra aux trois femmes venir à Hiroshima, là où tout a basculé, pour elles et leur pays. Leur parcours croisera celui d’une journaliste, venue enquêter sur un soldat américain irradié en 1945. Il leur faudra affronter le poids de l’Histoire et son cortège de fantômes.
Chacune des trois femmes incarne une part du demi-siècle japonais, entre culpabilité, oubli de soi et ivresse des possibles. Ai, la grand-mère, représente bien sûr le témoin de l’impensable horreur et de la question fondamentale. Comment vivre après cela ? Comment recommencer sa vie alors que tant d’autres sont morts ou meurtris à jamais par les ondes radioactives ? L’oubli est donc plus que nécessaire, il est la condition indispensable de la renaissance. L’amnésie de Miwa nous en fournit le symbole le plus fort et le plus ambigu. Mais peut-on oublier à jamais ? N’est-on pas forcé un jour de renouer les fils de son existence ? Qu’a-t-on vraiment commis pour subir pareil châtiment ? Le Japon, sans cesse, sera rattrapé par son sentiment de faute et les brûlures du désastre. Mais le futur est riche de promesses. La petite fille, Natsuki, partie aux Etats-Unis, étudier les techniques les plus pointues, nous renvoie l’image d’un pays conquérant et fier de lui mais terriblement désireux de comprendre ses racines. Pour reconstituer son identité, il faut savoir d’où l’on vient même si ce travail sur soi et son histoire, se fait au prix de terribles déchirements.

La froideur du Beau

Kiju Yoshida déroule donc son film, parfois bouleversant (les scènes de confession de la grand-mère notamment) mais qui pêche parfois par une trop grande méticulosité esthétique. Chaque plan fait l’objet d’une composition très soignée et qui confine malheureusement trop souvent au glacial. Le film tombe aussi parfois dans un symbolisme appuyé, à travers le jeu sur les miroirs, qui reflètent et illustrent les tourments intérieurs des trois femmes.
On regrette d’autant plus cette raideur et ce soulignement perpétuel, que l’épure et le ton d’un récit parfaitement maîtrisé auraient pu aboutir à un véritable chef d’œuvre. Les thèmes de la filiation, de la transmission et de la mémoire, si délicats à traiter et à représenter, y sont abordés de manière remarquable. On conseille bien sûr ce film, rare et stimulant objet cinématographique.


.::Samuel
   
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