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Mysterious skin
 
 

15/04/2005
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Inévitablement, j’ai pensé au film L.I.E. (dommage, je croyais l’avoir blogué mais il était sorti quelques mois avant que je m’y mette !) qui avait traité avec une incroyable justesse et sobriété le thème de la pédophilie (et avec un scénario relativement proche). Avec un Gregg Araki qui ne fait jamais dans la dentelle, et que j’adore depuis « Doom Generation » (et « Nowhere »), on obtient un film à la crudité parfois embarrassante et troublante, mais qui réussit à évoquer le parcours de deux victimes de la pédophilie sans voyeurisme ni commisération.

Le film est beaucoup moins trash et fantasmagorique que les opus précédents, par contre on retrouve une manière de tourner aussi talentueuse et une superbe photographie. Il met vraiment une attention particulière (et particulièrement réussie) dans la manière de filmer les visages de ses comédiens. Les couleurs aussi sont tout à fait du registre classique de cet auteur singulier : les visages illuminés, les lumières blanches projetées, les halos bleuâtres, les couleurs acidulées, les ambiances gothiques etc.

Dans le fond, malgré quelques petites pépites oniriques, l’histoire est simple, linéaire et concentrée. On suit les destinées de deux gamins sur une dizaine d’années. Tout commence un été de 1981, ils ont alors 8 ans. Brian reprend conscience dans sa cave, il saigne du nez, cinq heures ont été complètement annihilées de sa mémoire. Neil dans le même temps, un gamin élevé par une mère célibataire libérée, découvre le base-ball avec un entraîneur pour qui il ressent un certain désir. Ce coach se révèle être pédophile et abuse régulièrement de l’enfant. Brian et Neil font partie de la même équipe de base-ball.

Le film déroule alors les quelques années d’apprentissage pour ces deux garçons qui ont des vies diamétralement opposées. Dix ans après cet été de 81, Neil est un mec paumé qui se prostitue avec tout ce qui bouge, tandis que Brian reste obnubilé par ses amnésies et finit par croire qu’il a été victime d’un enlèvement par des extraterrestres. Néanmoins, il a la vision rémanente d’un enfant dans ses souvenirs, qu’il reconnaît comme étant un des enfants avec qui il jouait au base-ball. Il s’agit de Neil qu’il tente alors de retrouver, car il pense que ce dernier a du aussi subir ce kidnapping.

Brian va peu à peu recouvrer la mémoire, grâce à Neil qu’il arrive enfin à retrouver. Ce qui est révélé à Brian est un secret de Polichinelle pour le spectateur, qui comprend dès les premières images que l’enfant a aussi été abusé par le coach. Araki met donc en scène deux manières radicalement différentes de survivre à des abus pédophiles à travers ces deux victimes, dont les personnalités et les types de réactions varient du tout au tout.

Le scénario prend toute sa valeur et son ampleur, car ce n’est pas seulement l’image évidente de l’enfant victime et « en souffrance ». Il s’agit de Neil qui a été abusé dans ses sentiments « amoureux » et son affection envers cet homme, et qui s’est retrouvé à avoir des rapports sexuels presque « consentants ». Brian, lui, a été complètement floué par des stratagèmes qui ont mis en scène Neil (le « rabatteur »), et a subi un choc tellement traumatique lors de ces attouchements, qu’il a tout refoulé et a « oublié » ce qui s’était passé.

Pour les deux, le pédophile a été une bombe dans leur développement. Neil est devenu un être presque incapable d’émotion, qui trouve dans la prostitution un moyen d’assumer sa sexualité et les névroses générées par une pareille expérience. Il dit même avec certitude que le coach est la seule personne qui l’a vraiment aimé de toute sa vie. Brian apparaît comme asexué et perturbé, et encore plus touché qu’il ignore les raisons tangibles de son déséquilibre et de ses failles.

Araki filme les visages des enfants avec cette habilité qu’il a pour rendre les beautés encore plus transcendantes. J’imagine que cela pourrait même un peu faire polémiquer, car Neil môme (sur l’affiche) est d’une beauté troublante et qui crée un drôle de malaise. Le réalisateur se montre parfois très cru dans sa manière de dire les choses et d’en suggérer, mais son efficacité est redoutable. Et surtout, il arrive à rendre les émotions et les sentiments de ses personnages avec beaucoup de réalisme et d’authenticité. J’ai trouvé que les comédiens enfants et ados étaient vraiment excellents, et ils font évidemment beaucoup dans la subtilité du jeu.

C’était un pari fou que de choisir de traiter un sujet pareil, et le résultat est un petit chef d’œuvre d’Araki. Cela ne m’étonne qu’à peine !


.::Matoo
   
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