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Il y a quelques mois on le disait affaibli. Les journaux annonçaient son départ imminent. Les partis d’opposition réclamaient sa tête. Des manifestations aux plates-formes « unitaires » aussi courageuses que vides de contenus pouvaient se rassembler autour d’un slogan aussi accrocheur que Raffarin dégage.
Laissons de côté le bilan
L’on peut critiquer, et à juste titre, la pointe de dogmatisme guidant la politique gouvernementale et ce manque certain de cohérence dans la maîtrise des déficits publics : on ne demande pas aux plus faibles de se serrer la ceinture tout en prenant des mesures incitant les plus riches à épargner (baisse de l’impôt sur le revenu).
L’on peut aussi regarder d’un air mi-amusé mi-inquiet la réformette des retraites qui, si elle marque un progrès certains pour les carrières longues ou mixtes, ne garantit pas la pérennité de notre système par répartition. En effet elle n’est pas financée.
Enfin, la « réforme » de la sécurité sociale ne résoudra vraisemblablement rien : le ticket modérateur a maintes fois montré son inefficacité dans la régulation des dépenses. Par ailleurs, notre population vieillissant, la hausse des dépenses paraît normale. Celles-ci pourraient cependant être plus utiles par une redéfinition des rôles entre les urgences et la médecine de ville par exemple. Mais le gouvernement n’a pas voulu courrir ce risque : les professions libérales constituent une part non négligeables de sa base électorale.
Un bienfait pour la démocratie
Paradoxalement, une des plus grandes réussites de ce gouvernement se perçoit à l’aune de sa double déroute électorale de mars et juin. La vague rose sans précédent et surtout la hausse du taux de participation ont peut-être montré un double évènement.
D’une part la différence retrouvée entre une politique économiquement libérale et l’espoir socialiste.
D’autre part la réhabilitation du scrutin. En disant merde à la rue, en tenant le gouvernail d’un navire en pleine tempête sociale, en conduisant simplement sa politique, les Français ont compris que seules les urnes pouvaient infléchir sa politique. Les manifestations seules ne suffisaient pas.
C’est là un renversement certains des pratiques de gouvernance dans notre pays. Que ce serait-il passé si Jospin avait maintenu Christian Sauter à la tête de Bercy, à l’heure où le paquebot des finances engageait une grève dure contre un projet de réforme visant à accroîtrz notamment sa productivité ?
En 20 ans la classe politique avait progressivement laisser entendre qu’en manifestant l’on pouvait se substituer au scrutin. Le paroxysme fut atteint lorsque les gauchistes de tout bord appelèrent à un troisième tour social après la victoire écrasante de la droite.
Aujourd’hui la cote de popularité de Jean-Pierre Raffarin remonte lentement certes, mais régulièrement. Il vient de franchir les 37 points d’opinions favorables. Le nouvel habillage social du gouvernement, et j’insiste sur ce terme : « habillage », et surtout, le retour de la croissance laisse entrevoir une éclaircie plus qu’intéressante lui laissant une fenêtre de départ s'il le souhaite. Ainsi, il resterait le ministre des réformes, sans à grossir le rang de "ceux dont on tait le nom". .::Jean |