Un film de Ridley Scott
Pays d'origine USA
Durée 2h12

Avec
Harrison Ford (Rick)
Rutger Hauer (Roy)
Sean Young ( Rachael)
Edward None Olmos (Gaff)
Emmet Walsh (Bryant)
William Sanderson (J.F. Sebastien)
Brion James (Leon)
JoeTurkel (Eldon Tyrell)
Joanna Cassidy (Zhora)

Scénario Hampton Fancher David Peoples
Musique Vangelis
Production Ladd Company
Distribution Warner Bros

Le DVD
Zone2
Pistes Son
Français 2.0
Anglais 2.0
Sous-titres
Fançais
Anglais




 

Blade Runner director's cut
 
Une pièce rare
 

01/08/2002
Dualité, unité

Los Angeles, 2019.
La pluie est incessante, la bouffe à dominante asiatique, l'atmosphere chargée, la fumée omniprésente, les visiophones capricieux. Coca est toujours là. Les progrès de la robotique ont donné naissance à des robots "plus humains que les humains" (c'est le business, explique leur créateur, qui le veut). Mais après une mutinerie, les "répliquants", terme couramment usité pour les désigner, sont déclarés illégaux sur la Terre où ils sont retirés de la circulation (le terme générique de leur assassinat par les "Blade Runner" qui les traquent est "retrait").
Sur une colonie, 4 d'entre eux parviennent pourtant à s'enfuir et regagner la terre. L'ex blade runner Deckard est chargé de les éliminer.

Matière et manière

En ouverture une musique discrète de Vangelis (qui a composé et produit la bande originale du film), un générique d'une belle sobriété, une introduction concise (mais pas laconique) au Los Angeles fantasmatique de 2019. Un permier plan d'ensemble sur la ville, et le charme agit immédiatement.
La reconstitution urbaine, l'architecture, dénotent une anticipation fort inspirée.
L'atmosphère opressante se referme sur nous, nous étouffe, nous captive, comme si "le ciel, bas et lourd, pesait comme un couvercle" aurait dit Baudelaire. Tout est ecombré, sombre.
La photographie est comme toujours chez Scott une préoccupation principale, elle est somptueuse. On peut s'amuser à remarquer l'usage du contre-jour, surprenant, mais efficace.
En parallèle de cette qualité visuelle et artistique, Blade Runner présente un véritable réservoir d'idées, d'interrogations, de métaphores, de craintes.

Dualité et unité

On a dit de Ridley Scott qu'il avait relancé le sempiternel débat entre le fond et la forme, leur dualité. Pourtant ici, le fond n'est pas soumis à la dictature de la forme, tous deux ont complémentaires. On retrouve dans le film une autre dualité, celle manifestée par la relation qui lie le corps à l'esprit.
Et on retrouve également le concept de complémentarité dans le sens où on demande à l'androïde d'être complémentaire de l'homme, mais il se révèle être beaucoup plus : son double peut-être, supérieur dans sa puissance physique (et son esprit?). Et l'homme a peur.

Le débat de fond, c'est l'humanité, notre raport à la technologie, et bien plus encore. Dans ce film, les répliquants ont forme humaine, et développent des émotions. Comme les humains. L'instinct de survie, la volonté de repousser la mort, l'amour, ce sont des traits humains.

Blade Runner nous interroge sur nous, sur ce que nous sommes

Deckard est poussé à s'interroger sur sa propre humanité, et le doute s'installe. Dans notre fauteuil, bien calés, nous avons la même réflexion que lui.
Il regarde de vieilles photos : mémoire, souvenirs implantés ? A un moment, Scott intègre une séquence avec une licorne dans une pensée du blade runner. Truchement : cette séquence aurait été tournée pour un autre film de Ridley Scott, puis il aurait décidé de l'intégrer à celui-là.

Le développement des personnages (et l'absence de développement parfois) entretient le trouble, crée une sorte de fascination et participe à notre sentiment de sympathie (et même d'empathie) envers les répliquants.
On pense à HAL de 2001, l'Odyssée de l'Espace ou à l'androïde Bishop d'Alien, que Scott a tourné juste avant Blade Runner (ou également au personnage de Winona Ryder dans Alien4). Mais ici c'est à un degré supérieur. Contrairement à la plupart de ces derniers, les répliquants sont des doubles parfaits au niveau de l'apparence, ce qui est confondant.

La supériorité de Blade Runner, c'est sa manière de nous interroger, les multiples questions que le film nous amène à nous poser (mort, mémoire, crainte de la technologie, perception des automates, transcendance...).

Personnellement je considère ce film comme une pièce rare

Je regrette seulement de ne pouvoir l'apprécier dans sa "vraie" version, puisque les producteurs ont imposé leur fin au réalisateur (un des financiers s'étant écrié : "Je n'ai pas payé 32 millions de dollars pour voir une oeuvre incompréhensible", 50 ans de cinéma américain, Tavernier-Courdodon).
En fait plusieurs fins ont été tournées et les controverses demeurent : pour Première, la version director's cut se termine sur l'ascenceur aux portes fermées (mais dans ce cas j'aurais vu la version d c et j'en doute), pour Tavernier, le film se termine sur le toit.
Il y a aussi la version la plus couramment diffusée à la télévision (Deckard et Rachel s'enfuyant dans une voiture, d'ailleurs les prises de vues seraient issues de The Shining !!!!). Et d'autres encore..


.::Sophie
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