Un film de Jean-Jacques Annaud
Pays d'origine USA France
Durée 2h11
Sortie en France 14/03/2001
Sortie Mondiale
2001

Avec
Jude Law (Vassili Zaitsev)
Joseph Fiennes (Danilov)
Rachel Weisz (Tania Chernova)
Bob Hoskins (Nikita Khruschev)
Ron Perlamn (Koulikov)
mario Bandi (Anton)
Gabriel Thomson (Sacha Filipov)

Scénario Jean-jacques Annaud et Alain Godard
Musique James Horner
Production Paramount Pictures Mandalay et Reperage
Distribution pathe distribution




 

Stalingrad
( Enemy at the gate)
 
 

26/08/2002
Héros

La 2° guerre mondiale, à l'automne 1942. Les alliés sont dans une situation critique, les allemands avancent en Russie et Stalingrad est prête à tomber. La capitale russe semble le dernier rempart face à l'envahisseur nazi.
Pour les soldats russes, c'est la victoire ou la mort. Alors qu'une sauvage (et surtout sanglante) propagande dissuasive bat son plein (mort aux lâches), un jeune officier entreprend un tout autre type de campagne : la motivation des troupes par la création d'un héros de guerre, véritable modèle pour les combattants.
Le héros prend forme sous les traits de Vassili, jeune soldat parachuté tireur d'élite. En quelques semaines le moral des troupes est remonté à bloc et les allemands envoient un mystérieux sniper pour stopper l'hémorragie…

Stalingrad ou la superproduction internationale

Jean-Jacques Annaud s'attaque à un monument : l'histoire. Après Le Nom de la Rose, La Guerre du Feu, Sept ans au Tibet (pour ne citer que ces films là, mais il y a aussi eu entre autres Coup de Tête, en 79, mon coup de cœur), le réalisateur français entreprend la mise en scène d'une grande fresque aux allures internationales.
Casting de stars, comptant dans leurs rangs anglais, américains, allemands, russes; compositeur racé et surtout oscarisé (James Horner, qui avait déjà signé la bande originale de Seven Years in Tibet), histoire épique, la superproduction est en route, avec ce quelle comporte de dangers : le ratage.

Certes, le caractère romanesque du film donne lieu à une ribambelle de clichés. L'histoire d'amour entre Vassili et Tania semble peu crédible, la rivalité entre le héros et son ami l'officier, les désirs de vengeance, la bravoure, le grand thème de la trahison, peuvent agacer.

D'autant plus que le film est long, qu'il s'essouffle parfois et que les rebondissements sont souvent prévisibles.

Pourtant Ennemy at the Gates (titre au combien plus évocateur à mon sens que Stalingrad) est un film particulièrement plaisant.

A kind of magic ?

La première scène est tout à fait réussie.
Aux abords d'une forêt, le tout jeune Vassili tient en joue le loup qui s'approche avec précaution d'un cheval attaché. La voix de son grand-père guide ses gestes (avec ce fort sentiment de voix-off), "I'm a stone…". Le grand-père presse l'enfant de tirer, le loup est si proche de l'appât. Coupe.
Retour au présent. Vassili est entassé avec ses camarades dans le train les menant à Stalingrad…
Dés le tout début le spectateur a l'eau à la bouche, avec cette excitation, cette crainte joyeuse de ne pas connaître la suite de l'anecdote. Réussite ou échec ?
Avec cette scène seulement nous saisissons le personnage de Vassili. Et nous sommes brutalement placés dans le contexte du film : la confrontation chasseur/gibier.

C'est par ailleurs dans cette confrontation, celle entre Vassili et König (nom éloquent) que recèle tout l'intérêt du film. Annaud n'a pas pris le risque de "densifier" le Stalingrad autour de cet affrontement seul, pourtant il aurait sûrement pu.

D'abord, la mise en scène est efficace. Annaud balaye l'espace, accorde également une grande place à ses personnages; et puis les images (sur la musique plutôt réussie de Horner) sont belles, et horribles, certes, mais superbes, grâce notamment aux reconstitutions réussies. Le film a été tourné à Berlin, près de camps militaires où les équipes techniques ont pu reconstituer les usines en ruines, la ville à proprement parler en ruines aussi, d'ailleurs, et où les directeurs de casting ont pu trouver bon nombre de leurs figurants.

Et puis surtout, Jude Law et Ed Harris crèvent l'écran. Le contraste entre les 2 hommes fait merveille. A tous 2 ils portent le film. On regrette que le personnage de König n'ait pas été un peu plus développé.

Jude Law, en héros malgré lui, emporté d'abord par l'enthousiasme de la célébrité puis dépassé par elle et surtout par ses conséquences, trimballe avec innocence le charisme qui lui colle aux basques et qui fait aujourd'hui du jeune acteur anglais une star internationale.
C'est ce charisme, et le jeu de cet acteur talentueux, son expressivité qui donnent tant d'ampleur a Vassili, héros annoncé qui devient un héros, notamment sous la houlette de Nabilov, interprété par un Joseph Fiennes dans un rôle ingrat mais qui s'en sort très bien.

L'ampleur, le film n'en manque pas, il est particulièrement riche. Et dresse un tableau sans complaisance de la guerre vue d'en haut. Evidemment, il est plus facile d'envoyer des individus à l'abattoir quand d'une part on les considère comme des sacrifices nécessaires, et d'autre part quand cela ne nous concerne pas personnellement. Les devoirs de guerre, la grandeur du sacrifice, la propagande sont balayés et pointés du doigt.
Quel contraste également entre l'importance d'un seul soldat et l'insignifiance de milliers d'autres ("vous avez perdu la moitié de votre régiment ? Eh bien perdez ce qu'il reste, et perdez-vous vous-même" répond Krouchtchev à un appel au secours d'un camarade).
La fin justifie les moyens paraît-il…

Stalingrad, ce n'est pas le film de l'année. La déception est vaguement présente. Mais les images, je le répète, sont hypnotisantes, les comédiens remarquables, et l'Histoire donne lieu à cette histoire d'hommes, cette confrontation singulière entre 2 tireurs d'élite que tout opposera jusqu'au bout.

Et si vous vous demandez toujours si Vassili l'enfant a tiré juste, la réponse est dans le film, allez donc satisfaire votre curiosité…

.::Sophie
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