Un film de Martin Scorsese
Pays d'origine USA
Durée 2h50
Sortie en France 08/01/2003
Sortie Mondiale
2002

Avec
Leonardo DiCaprio (Amsterdam Vallon)
Daniel Day-Lewis (William - Bill Le boucher -)
Cameron Diaz (Jenny Everdeane)
Jim Broadbent (William Tweed - boss -)
John C. Reilly (Happy Jack)
Henry Thomas (Johnny Sirocco)
Brendan Gleeson (Monk McGinn)
Roger Ashton-Griffiths (P.T. Barnum)
Lucy Davenport (Mademoiselle Schermerhorn)
Barbara Bouchet (Madame Schermerhorn)

Scénario Steven Zaillian - Kenneth Lonergan - Jay Cocks
Musique Bono - Peter Gabriel - Howard Shore
Production Miramax - Cappa Production
Distribution SND




 

Gangs of New York
 
Un cinéaste génial dévoré par les impératifs commerciaux ?
 

28/01/2003
Le voilà enfin ce film tant attendu ! Annoncé dans les magazines ciné depuis quoi, 2 ans ? Gangs of New York a infligé l’angoisse fébrile de l’admiration anticipée à tous ceux qui n’avaient d’yeux que pour ce film… sans l’avoir vu.

Cet article, par conséquent, est la chronique logique d’une confuse désillusion amoureuse…




Dans le cadre des émeutes anti-conscription qui se sont déroulées à New York en 1856, Scorcese se fait le narrateur de fictions très personnelles dont les personnages seront avalés par l’Histoire.

Une œuvre échelonnée sur plus de 20 ans, un réalisateur d’exception, un budget extravagant, un film fleuve amputé, une sortie plusieurs fois reculée : avant même sa sortie Gangs of New York s’est bâti (bon gré, mal gré) une véritable légende.

Comme les personnages du film, empêchés par l’Histoire, les desseins de Scorcese ont semble-t-il été pliés aux volontés des producteurs. Rendus frileux par les derniers échecs du cinéaste italo-américain, ceux-ci l’ont même renvoyé en salle de montage après avoir visionné la version de 3h40…
Le résultat : un film amputé de près d’une heure et une violente épopée aux allures de western qui, si elle ne délivre pas toutes ses promesses, nous offre pourtant un spectacle prenant.

Du côté de la mise en scène, les concessions aux standards américains font osciller le film entre pur style hollywoodien et réalisation plus personnelle.
Gangs est ainsi le témoignage des « obsessions » du réalisateurs : New York, le Christianisme, l’identité, et Scorcese y multiplie les symboles.

Référence à son premier court métrage, The big Shave, scène qui ouvre le film, voit le Père Vallon, leader du gang catholique irlandais des Dead Rabbits, procéder devant son fils Amsterdam à un rasage méticuleux. Il s’entaille la joue avant de mener ses hommes au combat contre les « natifs » protestants de Five Points. Rassemblés derrière Bill Cutting, ceux-ci sont radicalement opposés à l’implantation des immigrants irlandais en Amérique, à Five Points encore plus.
L’affrontement tourne court lorsque Cutting tue Vallon sous les yeux d’Amsterdam. Le gang est défait, le quartier tombe définitivement sous la coupe du Boucher qui fait jeter l’enfant en maison de redressement. Il en ressort 16 ans plus tard, avec une seule obsession en tête : la vengeance.
Il tombe pourtant sous le charme d’une belle pickpocket dont les relations avec le Boucher s’avèrent rapidement troubles. Cutting lui même le prend sous son aile…

Scorcese évoque en toile de fond la guerre de sécession qui tourmente l’Amérique, la conscription qui décime les familles pauvres, la corruption politique rampante, … et un épisode de l’histoire de New York…

Même s’ils sont mus par des motivations purement personnelles, les protagonistes principaux évoluent tous 3 à contre-courant de l’Histoire, qui fait pourtant partie intégrante du récit et s’avère en être un personnage majeur.
L’intérêt du film réside cependant surtout dans les liens complexes du trio formé par Amsterdam (DiCaprio), Jenny (Diaz) et Bill (Day-Lewis). Ce dernier réalise une véritable performance dans le rôle du boucher et fait bien de Cutting le personnage le plus fascinant de Gangs of New York. Personnage charismatique tenant Five Points dans son poing cruel, homme aux principes très personnels, patriote excessif et raciste, il est corrompu par le pouvoir et aveuglé par un code de l’honneur insensé.

Cutting, comme Amsterdam, est déchiré entre l’illusion du passé et un présent tourmenté qui va les changer tous les 2 et faire exploser leur rage. L’un parce qu’il tente désespérément de préserver un monde en plein bouleversement, l’autre parce qu’il prend conscience de l’influence qu’il peut avoir sur les siens, les immigrés irlandais.

La violence des scènes est parfois à la limite du soutenable et Scorcese s’applique à les livrer de manière crue, comme il en a l’habitude.
Gangs of New York est considéré par certains comme un film somme, reflet des réalisations précédentes du cinéaste. Pour ma part, même si j’ai l’impression que ce cinéaste génial a été dévoré par les impératifs commerciaux d’une œuvre gigantesque qui porte néanmoins son empreinte, je retiendrai que Scorcese sait filmer New York, d’hier ou d’aujourd’hui, comme personne d’autre.

.::Sophie
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