Un film de Danny Boyle
Pays d'origine Etats-Unis
Durée 1h53
Sortie en France 16/02/2000

Avec
Leonardo DiCpario (Richard)
Virginie Ledoyen (Françoise)
Guillame Canet (Etienne)
Robert Carlyle (Daffy)
Tilda Swinton (Sal)

Scénario John HODGE d'après le roman de Alex Garland
Musique Angelo BADALAMENTI
Production Andrew Mac Donald
Distribution UFD




 

La Plage
(The Beach)
 
 

01/10/2001
Une bande-annonce VF trop commerciale et une critique désastreuse, ou peut-être simplement déçue, m'ont longtemps éloignée du sable flou de cette Plage paradoxale, étrange et malgré tout conventionnelle.

Boyle goes to Hollywood
Le schéma un peu trop classique (mais compréhensible), la volonté d'optimisme hollywoodienne, la photo, esthétisante et néanmoins trop "carte postale" ont bien sûr de quoi décevoir quand elle vient d'un réalisateur comme Boyle, que l'on attend incisif pour ne pas dire extrême.
Pourtant une bonne partie du film est haletante, excitante, étrangement attirante. La trame "déjà vue" (un jeune homme en mal de sensations fortes plongé dans une situation extrême) est suffisamment bien abordée pour nous happer tout crus. Et c'est quand il se laisse aller à des délires purs que Boyle est le plus percutant. L'intégralité des scènes dans lesquelles Carlyle apparaît sont saisissantes, cet acteur hallucinant ayant décidément bien des cordes à son arc !

La trame, donc :
Richard, jeune américain en manque d'expérience "dangereuse" va traîner son désœuvrement en Thaïlande où les sentiers touristiques ne font qu'affûter sa frustration. Aussi, quand un illuminé lui laisse en guise de testament la carte d'une île "parfaite", il laisse le sang de serpent à ses acolytes de touristes et embarque un couple de français dans sa ruée vers le paradis.

Passé le cap de la découverte de la Plage promise, malheureusement, le rythme s'effrite, le film de vacances thaïlandaises entre en piste et notre attention s'étiole quelque peu.
Autant la première et la dernière parties sont intenses et parfaitement exposées et filmées, autant cette deuxième partie du rêve devenu réalité apparente est à une vague de l'ennui, sauvée néanmoins par une musique judicieuse et des pointes d'humour nécessaire bien que convenu.
Et comme le scénario est un tant soit peu prévisible et que Boyle nous donne les indices suffisants pour supposer à juste titre, on se doute que la phase de béatitude, comme dans tout schéma "recherche du paradis / béatitude / équilibre mis en péril…" qui se respecte, ne va pas durer éternellement. Et lorsque l'équilibre illusoire atteint par le héros se rompt, le film trouve alors un second souffle salutaire, qui permet à Boyle quelques effets de mise en scène que visiblement il apprécie (et nous aussi, avouons-le).
La scène dans laquelle Richard se laisse aller à l'illusion d'un jeu vidéo est tout à fait surprenante et inventive.

Rencontre de cinéma
Au premier abord, on s'était demandé ce qu'il ressortirait de cette rencontre Boyle/Di Caprio. Aujourd'hui, avec 2 ans de recul (et plus encore de retard), je ne peux m'empêcher de me dire que le film, s'il est imparfait et inégal, est pourtant réussi; que Boyle a su y insérer son univers propre, sa « touche personnelle ».
Quant à Di Caprio, il n'est pas qu'un phénomène ou un séducteur d'ados hormonales, c'est un très bon acteur un point c'est tout. Sa composition de Richard, ce gamin prisonnier d'un caprice de rêve, est sincère et juste, et il nous accompagne de sa voix envoûtante (et surtout de son point de vue évolutif) le long de cette illusion qu'est La Plage.

Malheureusement les acteurs autour de lui (tous très convaincants) n'ont fait que ramasser les miettes. La star, c'est bien Leonardo, les autres font un peu (trop) décoration.
Du passé de Richard, on ne sait rien, on devine, on s'identifie. De Françoise et Etienne on aimerait en connaître un peu plus. Etienne est à mon sens la personnalité la plus sabrée alors que ce rôle méritait dix fois mieux. Etienne, c'est celui qui a le plus les pieds sur terre, la balance nécessaire à l'égoïsme candide et malsain de la communauté, l'une des personnalités les plus indispensables au film.
De Sal et surtout de Daffy, on s'interroge, on ne peut qu'émettre des hypothèses. Personnages trop peu développés, ou laissés à notre imagination, à notre interprétation ?
C'est là tout le paradoxe du film. La partie idyllique pendant laquelle Richard découvre la Plage et s'extasie sur ses merveilles est-elle vraiment trop carte-postale ou ne s'oppose-t-elle aux autres phases de l'histoire (dans le ton et les couleurs notamment) qu'en tant que contraste irréel ? Les personnages manquent-il d'épaisseur ou sont-ils tels qu'ils sont pour mieux nous interroger ?
A nous de voir, donc.

Qu'est-ce que la plage ? Un paradis inaccessible ?
Richard répond que c'est un rêve égoïste. Un refus de la réalité qui amène à nier l'imperfection. Cette plage est "parfaite" nous répète-t-on.
Parfaite.
Les mecs d'à côté sont des trafiquants de drogue, la "famille" se désolidarise au premier problème venu, les dents de la mer rappellent à la réalité les plus inconscients…

Thème rebattu de la quête d'identité, de la recherche d'un paradis illusoire ? Peut-être.
Mais j'aime la manière qu'a Boyle de filmer l'évolution de Di Caprio, même si elle est un peu trop rapide à mon goût. J'aime les critiques sous-tendues de notre société, la façon de suggérer que la réalité nous revient toujours en pleine figure un jour ou l'autre.

Malgré quelques clichés, un léger caractère étrangement inabouti, Boyle a réalisé un bon film, attachant et interrogateur.


Le point sur le DVD

Le DVD de La Plage, c'est un DVD comme on les aime, avec la Bande-Annonce originale, le Clip de la chanson phare du film (personnellement et contre toute attente au vue des interprètes, je la trouve très réussie), les filmographies des acteurs et de l'équipe du film et bien sûr les scènes coupées.

Il y a 9 scènes inédites à découvrir. Boyle nous dévoile un début et une fin alternatifs.
Le début, qui donc n'a pas été retenu, présente Richard à travers son appétit informatique puis son arrivée en Thaïlande au milieu de la fête du nouvel an.
Pour bon nombre de ces scènes coupées au montage, les raisons sont purement de durée : le film ne devait pas excéder 2h. Au final il en fait quelque chose comme 1h52 (générique non compris).
Mission accomplie, donc.
Et donc on ne verra pas Etienne et Françoise prendre leur petit déjeuner dans l'hôtel où ils ont rencontré Richard et évoquent avec lui une plage inconnue, fruit de la folie d'un des résidents (Carlyle), qui, et ils ne le savent pas encore, a laissé la carte à Richard.
Scène trop anecdotique pour être conservée.

Le plus intéressant dans tout cela, c'est la scène de fin. La fin alternative, je veux dire.
Peut-être celle que Boyle a préférée mais que les contraintes de Hollywood l'ont amené à évincer ?
Toujours est-il que Sal se suicide et que le film se termine sur une note plutôt négative.
Trop négative en tout cas pour être retenue (ah bon sang Hollywood et ses happy end !!!!!). Le monologue intérieur désenchanté de Richard s'évanouit et est remplacé par…
Mais ça, c’est à vous de (le) voir…
.::Sophie
©Chroniscope : 2000-2024
Conception/design : Jean Bernard | Programmation PHP/Mysql : Fabien Marry | Articles : Sophie | Martin | Anne | Sébastien | Jean | Fabien | Oli | Dan | Samuel | Virae | Antoine
Les avis exprimés sur le site n'engagent que leur(s) auteur(s) | Mentions légales