Un film de Aoyama Shinji
Pays d'origine Japon
Durée 1h11
Sortie en France 19/03/2003

Avec
Nagase Masatochi (Mike Yokohama)
Kyoka Suzuki (Le docteur)
Nene Otsuka (Numéro 29)

Scénario Aoyama Shinji
Production Fujikado Hiroyuki et Takenori Sento
Distribution ASC Distribution




 

La Forêt sans nom
(A forest with no name)
 
A la recherche de soi-même
 

26/03/2003
C’est peu dire que la carrière de Shinji Aoyama emprunte, en apparence, des voies radicalement différentes. Consacré avec l’abyssal « Eureka », chef d’œuvre expérimental et poétique de presque 4 heures, il ne dédaigne pas s’engager dans des chemins plus balisés mais pas moins passionnants.
Ainsi nous livre-t-il aujourd’hui ce curieux objet, « La forêt sans nom », premier épisode d’une série destinée à la télévision japonaise.

Trouver du sens …

On y retrouve le détective privé Mike Yokohama, qui était déjà le héros de films réalisés par Kaizo Hayashi. L’histoire est d’une simplicité confondante : un homme riche demande au détective de s’introduire dans une communauté retirée du monde pour y retrouver sa fille et lui ramener. Mais cette mince intrigue s’avère être le prétexte à une variation autour de la figure emblématique du privé et surtout à une immersion dans le spiritualisme japonais.
Vu d’Occident, cette communauté coupée de l’extérieur et vivant près d’une étrange forêt, ne peut être qu’une secte. Une femme, véritable gourou, la guide et la dirige d’une autorité souriante et sereine. Les membres du groupe vivent dans le silence et l’austérité la plus grande. Ils sont là, affirment-ils, pour trouver un sens à leur existence et savoir ce qu’ils veulent vraiment en faire. Comme dans le fameux village du Prisonnier, les habitants se désignent par des numéros pour effacer toute trace de leur identité passée.
La rencontre du très excentrique Mike avec cette intrigante communauté ne manque pas de provoquer de nombreux décalages comiques plutôt réussis. Ce personnage, que l’on jurerait échappé du cinéma pop de Suzuki, se heurte aux rites du groupe et tente vainement de comprendre les aspirations de ses membres. La gourou lui parait tout aussi opaque mais exerce progressivement une fascination sur lui. Enfin, cette forêt si proche, semble être la clé du mystère. Elle aimante les individus, les met face à eux même dans un étrange face à face où l’identité profonde de chacun peut enfin se dévoiler. Comme un retour à l’origine du monde, cette nature luxuriante et inquiétante devient le lieu de passage obligé pour celui qui veut traverser le miroir.
Après un début assez léger, le ton du film devient plus grave et troublant. Le spectateur, comme Mike, n’a plus envie de rire de ces individus éteints et compassés, qui forment cette communauté spartiate. L’incrédulité se fait interrogation puis attirance. La superficialité de Mike s’estompe au contact de cette nouvelle réalité, qui lui est révélée peu à peu.

… pour se réconcilier avec le monde

On peine d’abord à croire qu’il puisse s’agir du metteur en scène de « Eureka ». L’esthétique (une image granuleuse qui fait assez Dogme) et l’aspect policier du récit semblent nous éloigner totalement de la sublime méditation de son chef d’œuvre. Mais une thématique demeure : la Nature comme moyen ultime de renouer les fils distendus de son existence. Si « La forêt sans nom » est d’une forme moins contemplative que « Eureka », la question reste la même. Comment se réconcilier avec le monde ?
Un vertige saisit alors le spectateur. Imagine-t-on pareille quête au cœur d’une série policière française ?

.::Samuel
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