Un film de Mathieu Amalric
Pays d'origine France
Durée 1h27
Sortie en France 03/09/2003

Avec
Jean-Quentin Chatelain (Philippe)
Anne Alvaro (Julia)
Michèle Laroque (Danièle)
Bernard Ménez (le maire)

Scénario Mathieu Amalric, Marcelo Novais Teles et Christine Dory
Production Laetitia Gonzalez et Yaël Fogiel
Distribution Why Not Productions




 

La Chose publique
 
Hommes femmes, mode d'emploi
 

07/09/2003
C’est peu dire que l’on a de l’estime pour le comédien Mathieu Amalric et que l’on avait apprécié son « Stade de Wimbledon » l’an dernier, magnifique épure sur les tourments de la création où il mettait en scène une Jeanne Balibar plus bouleversante que jamais. D’où la sincère déception éprouvée pour cette « Chose publique », séduisante dans ses intentions mais au final assez peu convaincante.

Confus et vain

Amalric y met en abîme sa condition de réalisateur d’une commande d’Arte pour la série « masculin – féminin » en nous narrant l’histoire d’un metteur en scène (Jean-Quentin Chatelain), désireux de faire un film sur la parité en politique pour la chaîne franco-allemande et qui subit parallèlement les affres du désamour de sa femme. Le film navigue donc entre sa rupture progressive avec sa compagne (Anne Alvaro) et le tournage de son film, appelé métaphoriquement « Le lit national » et qui est censé raconter comment un politicien de droite (Bernard Menez) doit s’adapter à la nouvelle loi sur la parité, en s’alliant à une femme issue de la société civile (Michèle Laroque).
Bref, c’est l’occasion de mêler les sphères publiques et privées pour une sorte d’expérience socio-politique grandeur nature. La parité serait-elle une mesure de circonstance et artificielle ou bien une étape fondamentale dans la longue lutte pour la reconnaissance des droits des femmes ? Autrement dit, s’agit-il d’un vrai progrès ou bien d’une loi gadget qui sera détournée de son vrai but car le rapport de force reste en faveur des hommes ? Comment un artiste forcément progressiste ressent-il le départ (vécu comme une trahison) de sa femme ?
Grandes questions pour un petit film bien souvent maladroit. Amalric ne tombe bien sûr pas dans l’écueil du film à thèse, démonstratif et édifiant mais livre un objet ironique et confus, qui suit plusieurs pistes à la fois (l’intimité du metteur en scène, les élections si particulières du printemps 2002 et les conséquences locales de cette loi sur la parité) dans un mélange des genres, qui commence par intriguer puis lasse rapidement.
Cette impression de flou, très peu artistique, est entretenue par le filmage en vidéo d’une grande partie des scènes. Il s’agissait certes d’une des contraintes de la commande d’Arte mais malheureusement, elle ne fait qu’accentuer le malaise ressenti. Les changements abrupts de ton, entre comédie (la préparation et le tournage mouvementé du « Lit national ») et drame (le désarroi du couple), participent à ce brouillage. Les références, réelles ou fictionnelles, au choc du 21 avril ne sont pas des plus heureuses non plus.
Seule la fin ouverte, portée par le morceau « Unlimited Mariage » de Rodolphe Burger, où le couple se retrouve après une ellipse, parvient à toucher enfin. Le reste, même parsemé de quelques trouvailles intéressantes, ne demeurera pas longtemps dans les mémoires. « La chose publique » était pourtant une des rares tentatives du cinéma français pour s’emparer d’un sujet d’actualité mais son traitement trop éclaté et distancié, l’empêche de transformer l’essai. Dommage.

.::Samuel
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