Un film de Joel Coen
Pays d'origine Etats-Unis
Durée 1h40
Sortie en France 19/11/2003

Avec
George Clooney (Miles Massey)
Catherine Zeta-Jones (Marylin Rexroth)
Julia Duffy (Sara Sorkin)
Paul Adelstein (Wrigley)
Jonathan Hadary (Heinz, le baron Krauss von Esp)
Tom Aldredge (Herb Myerson)
Cedric The Entertainer (Gus Petch)

Scénario Ethan Coen, Joel Coen, Robert Ramsey, Matthew Stone et John Romano
Musique Carter Burwell
Production Brian Grazer, James Jacks, Sean Daniel et Ethan Coen
Distribution United International Pictures (U.I.P.), France




 

Intolérable cruauté
(Intolerable cruelty)
 
je t'aime, moi non plus
 

23/11/2003
Les frères Coen font-ils partie des cinéastes américains les plus surestimés de leur génération ? Sont-ils seulement des petits malins, à l’immense culture cinéphilique ? Alors que Burton paraît avoir sombré et que le cas Tarantino va de nouveau faire débat en cette fin d’année, les Coen semblent bien faire l’objet d’une révision à la baisse de la part de ceux qui les avaient portés aux nues imprudemment. La vérité est peut-être plus simple que cela. Ni génies novateurs, ni faiseurs roués, ils apparaissent aujourd’hui comme de bons petits soldats de l’entertainment mondial, ce qui est tout sauf honteux. Auteurs en chaîne de divertissements de qualité, ils nous livrent cet automne une excellente comédie américaine, fine et drôle comme peu le furent récemment.

La loi de Los Angeles

Nous voilà donc dans le Los Angeles des milliardaires et des vampires féminins prêtes à tout pour réaliser un bon mariage et surtout un divorce lucratif. C’est dans ce milieu délétère que l’avocat Miles Massey (joué par un Clooney aux petits oignons) a acquis ses titres de gloire. Il est l’atout décisif pour garder sa fortune ou en conquérir une grosse part. Son talent n’a d’égal que son cynisme mais aussi que sa solitude. Sa trajectoire ascendante finit un beau jour par croiser celle de la sublime Marylin (Catherine Zeta-Jones dans un de ses meilleurs rôles). Miles la ridiculise lors du procès qui l’oppose à son ex-mari mais un jeu de séduction et de calcul se met en place entre eux. Ces deux grands fauves ont enfin trouvé un adversaire de taille, un miroir où se contempler et peut-être l’âme sœur. Mais dans ce monde cruel de faux-semblants et d’illusions perdues, toutes les malles sont à double-fond et les fins à tiroir. Qui attrapera l’autre dans ses filets ?

Drôle et mordant

Le film pétille du début à la fin, recelant un conséquent lot de gags et de situations hilarantes. Ce sens du rythme, du timing et de la répartie constitue indiscutablement une des qualités majeures de « Intolérable cruauté ». On baigne constamment dans un humour acide, plutôt bienvenu dans ce monde luxueux et suranné. Les Coen regardent leurs personnages sans morgue mais sans tendresse excessive non plus. Ces chacals qui s’affrontent à coups de sourires enjôleurs nous sont dépeints dans toute leur crudité et leur bassesse. Ces Kasparov de la joute amoureuse sont bien les fidèles reflets de l’hyper–individualisme contemporain, qui a transformé la société américaine en gigantesque tribunal. On comprend bien alors ce culte de la procédure juridique qui conduit chacun à exposer en place publique ses tourments les plus intimes pour en tirer profit. Les quelques scènes de procès comptent ainsi parmi les plus réussies du film, les Coen s’amusant notamment à user des inévitables coups de théâtre inhérents au genre.
Leur sens aiguisé de la parodie, qui éclate plus nettement depuis quelques films, leur évite de tomber dans les clichés attendus de la comédie romantique américaine. On appréciera ainsi beaucoup leur faux happy end, qui dénonce à lui seul les monceaux de mièvrerie hypocrite endurés trop souvent par le spectateur.
Outre le couple vedette et vendeur, la galerie de seconds rôles est aussi largement à la hauteur. Du détective pugnace au tueur asthmatique, en passant par l’assistant émotif et le patron grabataire du cabinet d’avocat, tous excellent dans leur partition modeste mais très utile à la drôlerie de l’ensemble.
Alors ce film est-il si anecdotique par rapport à leurs précédents opus considérés comme des chefs d’œuvre ? « Barton Fink », grand triomphateur cannois en 1991, « Miller’s crossing » ou « Fargo » par exemple sont-ils si supérieurs à cette comédie, qui se pare des atours de la légèreté et du rire ? Mais à bien y réfléchir, elle ne jure pas tant que cela dans une filmographie, qu’il faudra bien un jour évaluer à sa juste valeur.

.::Samuel
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