Un film de Gary Fleder
Pays d'origine Etats-Unis
Durée 2h07
Sortie en France 17/03/2004

Avec
Gene Hackman (Rankin Fitch)
Dustin Hoffman (Wendall Rohr)
John Cusack (Nick Easter)
Rachel Weisz (Marlee)

Scénario Brian Koppelman et David Levien
Musique Christopher Young
Production Arnon Milchan, Gary Fleder et Christopher Mankiewicz
Distribution UFD, France




 

Le Maître du jeu
(The Runaway jury)
 
On nous cache tout, on nous dit rien
 

18/03/2004
Après « Bowling for Colombine » et « Elephant », le débat autour de la vente libre d’armes à feu aux Etats-Unis, fait de nouveau l’objet d’un film. Mais par un biais bien différent car il s’agit cette fois du prétexte à un thriller judiciaire plutôt pas mal ficelé, construit sur un quatuor hollywoodien aux petits oignons. Le savoir-faire déployé ici est indéniable et cette série B de qualité, classique et solide, propose un spectacle souvent captivant. Sans révolutionner quoi que ce soit, ce film honore sans souci son contrat avec le public. On aimerait pouvoir en dire autant de tous les films français populaires !

Poker menteur

D’entrée de jeu, ça ne rigole pas. Une fusillade sanglante éclate dans les bureaux d’une société financière. 11 morts restent sur le carreau. La veuve de l’un d’entre eux décide alors d’attaquer le fabricant d’armes, responsable cynique, à ses yeux comme à ceux d’une certaine Amérique progressiste, du massacre perpétré. Et qui pour défendre cette noble cause ? Dustin Hoffman bien sûr ! Endossant son éternel costume du monsieur bonne conscience morale, c’est donc little big man en personne qui va essayer de faire vaciller l’Empire des marchands d’armes. Mais la partie est loin d’être gagnée car en face, se dresse un autre monstre hollywoodien, évoluant lui aussi dans son registre de prédilection. Car qui d’autre que Gene Hackman, le monsieur manipulation-complots du cinéma américain depuis sa performance historique dans « Conversation secrète », pouvait incarner cet expert en procès, chef d’une petite armée clandestine de spécialistes en détournement juridique, prêt à toutes les pressions sur le jury pour assurer à son client un verdict favorable ?
Mais tout ne se passe pas comme prévu pour nos amis Dustin et Gene, car un troisième larron imprévu est de la partie. Un invité surprise bicéphale plutôt, car il s’agit d’un couple, visiblement capable de manipuler le jury à sa guise et qui compte bien en profiter pour vendre le jugement final au plus offrant. En effet, John Cusack interprète un apparent honnête citoyen sans histoire, mais qui ne semble pas être sélectionné tout à fait par hasard dans le jury du procès. Il s’est glissé dans les douze membres retenus, à la barbe de l’accusation et de la défense et va commencer un patient travail d’influence sur ses petits camarades. Sa compagne, jouée par Rachel Weisz, le secondant de l’extérieur dans le jeu de dupes ainsi mis en place.
Mais que veut précisément ce couple, dont certains signes paraissent montrer l’absence de cupidité ? Jusqu’où peut aller la manipulation de l’institution judiciaire américaine par des lobbies puissants et des petits malins ? Les enjeux énormes rendent-ils impossible tout jugement serein et impartial ?

A voir malgré une fin faiblarde

L’intrigue développée ici s’inscrit donc dans la riche tradition américaine du film à procès, qui ne date pas d’hier et qui connut même un pic dans les paranoïaques années 70 où chaque jour apportait son lot de complots et de conspirations en tous genres. Gary Fleder, en adaptant John Grisham, trouve ici un angle relativement original en minimisant les sempiternels coups de théâtre procéduriers, les inévitables témoins surprise et les non moins incontournables retournements de dernière minute, qui s’empilent d’habitude jusqu’à plus soif. Il a choisi plutôt d’exploiter la logique de la manipulation poussée à l’extrême en décrivant les agissements de ce consultant un peu particulier joué par un jubilatoire Gene Hackman, véritable mercenaire de l’ombre, marionnettiste détournant froidement les rouages ancestraux de la Justice au service de son seul amour du gain.
Le filmage très nerveux, un peu à l’esbroufe parfois, et le recours fréquent au montage alterné, montrant les différents protagonistes en parallèle, permettent de bien s’immerger dans les multiples points d’entrée de cette comédie humaine qu’est un procès à l’américaine.
On apportera cependant un bémol sur la fin très politiquement correcte, qui désamorce quelque peu la tension accumulée par le film. Au lieu d’être un point d’aboutissement couronnant deux heures d’ambiguïté et de faux-semblants, la conclusion boucle abruptement l’histoire en l’éclaircissant trop vite et en l’aseptisant trop sèchement. Dommage car le film mérite vraiment d’être vu !

.::Samuel
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