Un film de Nicolas Boukhrief
Pays d'origine France
Durée 1h35
Sortie en France 14/04/2004

Avec
Albert Dupontel (Alexandre Demarre)
Jean Dujardin (Jacques)
François Berléand (Bernard)
Claude Perron (Nicole)
Julien Boisselier (La Belette)
Gilles Gaston-Dreyfus (Butagaz)
Philippe Laudenbach (La Momie)

Scénario Nicolas Boukhrief et Eric Besnard
Musique Nicolas Babi
Production Richard Grandpierre
Distribution Mars Distribution, France




 

Le Convoyeur
 
Classe tous risques
 

17/04/2004
Alors que le récent « Agents secrets » laissait perplexe sur la capacité du cinéma français à engendrer des films d’actions efficaces, le nouvel opus de Nicolas Boukhrief redonne un peu d’espoir. On ne tient certes pas dans « Le convoyeur » un chef d’œuvre du genre mais un excellent produit de synthèse entre la vieille tradition hexagonale du polar social et celle beaucoup moins française du gunfight sanglant. Ce n’est guère étonnant que l’ancien journaliste de Starfix, magazine qui fit beaucoup pour la promotion du cinéma de genre dans nos contrées, tente ce type de rapprochement, déjà exploré sous un autre forme par son camarade Christophe Gans. Quoique mineure, sa réussite est finalement assez réconfortante.

Réalisme et opacité

Deux éléments forts structurent un début très prometteur. Tout d’abord l’immersion plutôt crédible dans une entreprise lambda de convoyage de fonds. Boukhrief ne nous épargne pas l’attendu portrait de groupe, façon galerie de gueules cassées. Le déprimé revenu de tout, le mec sympa, le cow-boy facho, ils y sont tous mais peu importe, c’est un poil caricatural mais ça tient la route. D’autant plus que la description du quotidien de ces travailleurs modestes, exerçant leur métier dans des conditions risquées et pénibles, est relativement bien rendue. Le film insiste d’ailleurs beaucoup sur cette dimension quasi prolétaire, faite d’un labeur routinier et de joies simples, ce qui renvoie indéniablement à un ancrage social traditionnel du polar français.
L’autre clé d’entrée puissante du « Convoyeur » tient dans l’opacité de son héros, interprété par le toujours excellent Dupontel. Son personnage débarque a priori dans cette société pour y gagner sa vie mais le film nous avertit par petites touches d’une situation bien plus troublante et complexe. Ce mystère est si prenant que l’on peut d’ailleurs reprocher à Boukhrief de dévoiler un peu trop précocement les motivations véritables de son héros. Mais le fil n’est pas rompu pour autant, on est curieux de connaître le dénouement, qui arrive par la grâce d’un massacre final très maîtrisé graphiquement et captivant émotionnellement. A vrai dire, on ne pensait pas un film français capable de nous offrir un tel climax.

Une exception française

On ne fera donc pas la fine bouche devant ce polar, assez banal dans sa conception mais plutôt original dans le contexte actuel du tout-comédie. On ne peut que s’interroger devant la frilosité du système productif français qui rechigne à sortir plus souvent ce type de films populaires au profit d’un soit disant filon comique issu de la télévision.
Boukhrief a le grand mérite de réactiver la veine du film d’hommes, réaliste et ramassé sur lui-même, ce qui le distingue des petits faiseurs pyrotechniques et jeunistes comme Dahan, Siri ou Megaton. La tension installée ne s’évapore pas, même si le suspense aurait mérité d’être étiré un peu plus. Les acteurs ne sont pas pour rien dans la densité du film, même si leur rôle est assez étriqué, tous s’en tirent pour le mieux. Bref, un divertissement de très bonne tenue.

.::Samuel
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