Un film de Emir Kusturica
Pays d'origine Fr-Serbie
Durée 2h34
Sortie en France 14/05/2004

Avec
Slavko Stimac (Luka)
Vesna Trivalic (Jadranka)
Natasa Solak (Sabaha)

Scénario Emir Kusturica et Ranko Bozic
Musique Nele Karajlic - Emir Kusturica - Dejan Sparavalo
Production Les Films Alain Sarde
Distribution Mars Distribution




 

La vie est un miracle
 
 

29/05/2004
Emir Kusturica livre ici un pur produit de son œuvre cinématographique, en cela on est un peu dans des schémas familiers (lassitude ?), mais on profite aussi de l’excellence qu’il a à filmer ce peuple et surtout cette guerre. En effet, le film se passe en 1992 à la frontière entre la Serbie et la Bosnie, juste au moment des premiers affrontements à Sarajevo et de la montée en puissance des combats entre toutes ces régions e l’ex-Yougoslavie.

De la courtoisie à la barbarie

Le film se divise en deux parties bien distinctes, l’une avant la guerre, et l’autre ensuite (de durées égales). On est encore une fois dans une histoire typique de Kusturica avec des intrigues de familles, de politiques, d’amour et de contrebandes en tout genre, le tout dans un bordel incroyable avec un bruit monstre et une pagaille absolue, et toujours un thème musical typique redondant qui scande l’intégralité du film… Le héros c’est Luka, il est responsable d’une ligne de chemin de fer pour relier la Serbie et la Bosnie (les paysages sont magnifiques d’ailleurs). Il est le beau-frère du maire, sa femme est une cantatrice complètement allumée et hystérique, son fils (un vrai modèle BelAmi soit dit en passant…) est footballeur et a été remarqué par un grand club. A cela se greffe un millier de personnages qui viennent faire la fête ou foutre la merde selon… avec bien sûr des fêtes et beuveries en veux-tu en voilà, une musique tonitruante et des mecs louches qui trafiquent du tabac et de l’essence. On est avant la guerre, donc la rapports entre les serbes et les bosniaques sont tout à fait normaux et courtois (ce qui est normal, car ce sont de simples voisins), et Luka rencontre inopinément Sabaha (musulmane) qui est infirmière dans l’hôpital où il amène sa femme qui pète un boulon.

Et puis la guerre éclate, Milos, le fils, est appelé sous les drapeaux tandis que le père doit veiller sur la ligne de chemin de fer. La mère se tire avec un musicien hongrois, et Luka se retrouve seul. Sabaha est faite prisonnière et amenée à Luka afin qu’il puisse l’échanger contre son fils. Et là une histoire à la Roméo et Juliette peut commencer…

Dans la lignée de chat noir, chat blanc

Ce film est donc dans la forme tout à fait semblable à l’ambiance survoltée et géniale de « Chat noir, chat blanc », avec quelques passages humoristiques cinglants, et des traits typiquement yougoslaves. J’ai beaucoup aimé cette histoire qui met un peu de temps à se mettre en place, mais qui est très attachante et palpitante. L’auteur en profite aussi pour évoquer la guerre et la stupidité de cette guerre-ci qu’il connaît bien, ainsi que la médiatisation honteuse (tournée de manière très ironique) dont ces peuples ont été le jouet. Le film est aussi truffé de bestioles, surtout un chat et un chien qui sont de tels personnages qu’ils devraient figurer au générique comme des acteurs. Mais il y a aussi une ménagerie complète avec des ours, des oies, des canards, un cheval etc. et des mises en scène de tous ces animaux qui prennent une part importante du film (et montrent leur importance dans cette société).

C’est un très bon film qui m’a plu par son histoire et ses personnages, mais aussi par l’ironie du sort qui emprisonne ses héros, même si Kusturica se veut toujours optimiste (Roméo retrouve Juliette là tout de même). Cet auteur est un vrai conteur et c’est à chaque fois un vrai plaisir de se laisser emporter.


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