L'été où j'ai grandi
 
 

17/08/2005
J’avais lu le billet de Niklas, qui, en plus d’être un beau mec, rédige à mon avis les meilleures critiques ciné (intelligentes, concises et percutantes), et je m’étais dit que je ne devais pas le manquer.

Quand j’ai vu le logo « Miramax » j’ai eu un peu peur et je me suis dit que j’allais peut-être avoir droit à une des œuvres pseudo-indépendantes dont cette boite de prod est si friande. De petits films à petits budgets bien calibrés qui peuvent rapporter très gros… Mais le fait que ce soit une œuvre italienne change considérablement la donne (en plus du fait que j’aime franchement, malgré tout, certaines pépites produites par Miramax !), et en effet ce film vaut largement le coup qu’on se déplace pour le voir.

Il est très difficile de mettre un thème sur ce film, un drame, un thriller, un film policier, mais aussi un film angoissant, un film sur l’enfance ou un film inclassable au final. Le décor est unique et se résume à un pauvre hameau perdu du sud de l’Italie, quelques baraques, autant de familles relativement démunies et des gosses qui jouent entre eux, dans les champs et les masures abandonnées du coin. Nous sommes à l’été 1978 et un des mômes, Michele, va découvrir une chose qui va changer sa vie, qui va le faire grandir d’un seul coup.

Il joue avec ses potes qui sont comme lui âgés d’une dizaine d’années, et ils tombent sur une vieille baraque dans un champs. Michele revient seul et il découvre un trou dans la terre recouvert par une tôle. En la soulevant, il remarque un pied humain, qui remue. Je n’en dis pas plus. Le gamin est ensuite entraîné dans une sombre histoire où toutes ses croyances sont bouleversées et sa raison mise à rude épreuve. Mais comme tous les enfants, il conserve sa candide innocence et met le nez là où il ne faut pas, en comprenant bien ce que trament les adultes.

Il s’agit d’un film incroyable aux contrastes saisissants entre cette peinture d’une Italie rude et défavorisée, à ce gouffre sombre et angoissant et ce qu’il contient, encore plus angoissant pour le spectateur au début (j’en tremble encore !!), mais aussi la vision extraordinaire de l’enfant qui est transcrite avec un réel talent de mise en scène et de jeu. Les enfants jouent dans les blés jaunes et à la luminosité aveuglante, tandis que Michele va voir ce qui se tapi dans ce trou, comme une tombe, au fond des ténèbres. Et le film n’a rien de fantastique alors qu’on le penserait presque à un moment. Mais c’est parce que justement on est tellement dans la peau de l’enfant qu’on en a les mêmes peurs, la même imagination débordante.

Le réalisateur Gabriele Salvatores a filmé d’une main de maître et cette qualité transparaît dans chaque plan et mouvement de caméra. Jusque dans la hauteur de tournage qui se situe à la hauteur du regard de l’enfant et nous permet d’embrasser les événements comme si nous les voyions par ses yeux. En outre, le jeu des gamins est tout à fait louable et sert à merveille cette histoire singulière. J’ai noté aussi un traitement tout féminin dans la manière de montrer les enfants, les mères et les liens maternels, tandis que les hommes sont plutôt des mafieux rustauds et auxquels on ne peut pas se fier. On suit pas à pas la transition vers l’âge adulte en forme de choc que subit l’enfant, et on est aussi sonné que lui à la fin. Une conclusion aussi troublante et violente que magnifique.

.::Matoo
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