Un film de Ang Lee
Pays d'origine USA
Durée 2h14
Sortie en France 18/01/2006

Avec
Heath Ledger (Ennis Del Mar)
Jake Gyllenhaal (Jack Twist)
Michelle Williams (Alma Beers Del Mar)
Anne Hathaway (Lureen Twist)
Randy Quaid (Joe Aguirre)
Linda Cardellini (Cassie Cartwright)
Anna Faris (Lashawn Malone)

Scénario Larry Mc Murtry et Diana Ossana
Musique Gustavo Santaolalla et Rufus Wainwright
Distribution Pathé Distribution




 

Le secret de brokeback mountain
(Brockeback mountain)
 
Une magnifique histoire d'amour
 

25/01/2006
En rentrant du cinéma, le soir même, j’ai relu la quarantaine de pages qui constituent cette nouvelle qu’Ang Lee a adaptée. Je voulais vraiment me rendre compte des différences, et comparer le récit que j’avais vu avec la plume si particulière d’Annie Proulx, et ce que j’avais ressenti à la lecture de ce texte il y a plus de quatre ans. J’avais brièvement évoqué cette nouvelle quand j’avais lu l’extraordinaire « Pouvoir du chien » qui me paraissait d’ailleurs énormément mériter une adaptation cinématographique.

Une adaptation qui frôle la perfection

J’ai halluciné lorsque j’ai relu ces pages, l’adaptation frôle une perfection que j’ai rarement vue atteinte au cinéma. Les moindres traits des personnages, les décors, les péripéties, les creux comme les bosses, les vides comme les pleins, jusqu’au dialogues qui reprennent mot pour mot les lignes de l’auteur, et surtout cette brillante, troublante et si fascinante incommunicabilité qui ceint les personnages sur vingt ans.

L'air des alpages

Le secret de Brokeback Mountain est l’histoire de deux jeunes cow-boys qui se rencontrent alors qu’ils gardent un troupeau de moutons dans le Wyoming. Ils se rapprochent un soir et ont un rapport sexuel, presque par hasard, avec une brutale animosité mêlée d’une certaine passion. Finalement c’est un amour sincère et difficile à gérer qui va germer entre les deux garçons pendant le temps d’une transhumance. Une affection qu’ils ne nomment pas, qu’ils vivent au gré de leurs ébats. Et lorsqu’il faut partir, rien ne se dit, là encore. Par contre, le manque de l’autre finit par les convaincre de leurs sentiments, sans bien rationaliser la chose. De toute façon, les choses sont claires pour Ennis, il doit épouser Alma en rentrant. Et pour Jake, de rodéos en bars, il finit par se marier lui aussi, avec Lureen, fille d’un riche marchand de machines agricoles. Et puis Jake retrouve Ennis, et en tant que bons « copains de pêche », ils repartent régulièrement ensemble quelques jours tous les ans. Et ils font revivre leur passion ainsi, à l’abri des regards, et tandis que les années passent.

Un film brillant

Le film est brillant par sa beauté formelle époustouflante, et là Ang Lee s’en donne à cœur joie en nous régalant de plans magnifiques, où les hommes sont minuscules. Ils se cachent d’ailleurs bien dans ces gigantesques panoramas verts et blancs. Il égrène le temps avec un rythme lent et posé pour mieux nous représenter le temps de la transhumance, et ce n’est jamais lénifiant ou soporifique. L’histoire peut dérouter par ses personnages mutiques, et son scénario sans beaucoup d’actions ou de rebondissements. Mais le réalisateur a tiré de ses acteurs une interprétation dont les silences mêmes remplissent l’atmosphère. Et c’était là tout le challenge : réussir à ce que les comédiens exsudent ces sentiments qu’ils cachent. Or Heath Ledger et Jake Gyllenhaal arrivent à montrer leur soif d’eux-mêmes à travers une incommunicabilité qui les sclérose complètement.

Une magnifique histoire d'amour

Ce n’est pas non plus le film de l’année ou bien le chef-d’œuvre qui m’a entièrement conquis, mais c’est une très belle réalisation au service d’une magnifique histoire d’amour. Et cette histoire d’amour elle transcende bien les genres et les orientations sexuelles, elle touchera tout le monde. Ce n’est pas la banale aventure entre deux mecs qui tombent amoureux l’un de l’autre, il s’agit d’un amour inavoué, exprimé mais pas par des mots, vécu mais pas dans la plénitude d’une relation. Chacun des deux a ses torts et ses raisons, et on est loin de préoccupations de midinettes. Le film transcende la simple question de l’homosexualité, même s’il la soulève avec une peur et une honte qui imprègnent les deux héros.

Je retiens vraiment cette incroyable adéquation avec l’œuvre de Proulx. Le film d’Ang Lee a alors les qualités et défauts d’une telle adaptation, mais pour moi le résultat final recueille tous les suffrages.

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