Un film de Sam Peckinpah
Pays d'origine USA
Durée 2h29
Sortie Mondiale
1969

Avec
Ernest Borgnine (Dutch Engstrom)
William Holden (Pike Bishop)
Robert Ryan (Deke Thornton)
Edmond O'Brien (Freddie Sykes)
Warren Oates (Lyle Gorch)
Jaime Sanchez (Angel)
Emilio Fernandez (Général Mapache)
Ben Johnson (Tector Gorch)

Scénario Walon Green Sam Peckinpah
Distribution Action Gitanes

Version longue:
Une version plus de longue de 11 minutes est sortie en 1995



 

La horde sauvage
(The Wild Bunch)
 
Le western, le crépuscule et Sam Peckinpah
 

20/08/2002
Western mythique

1913. Une horde de chasseurs de primes menée par un certain Thornton courent après les têtes de hors-la-loi sur le retour et néanmoins prisés. Lesquels bandits sont dépêchés par un général sans scrupule pour attaquer un chargement d'armes et munitions…

Après Ride the High Country et Major Dundee, le controversé Peckinpah (ex-assistant de Don Siegel) prend à nouveau le contre-pied du western hollywoodien dès lors agonisant et réalise un film étrange, extrêmement violent (la production avait par ailleurs exigé des coupes au montage, qui nous sont épargnées dans la version "director's cut" proposée par Action Christine dans le 6° arr).

Crépuscule du Western ou Western crépusculaire, La Horde sauvage est d'abord un film fascinant et surprenant à plus d'un titre.
Envolés les héros vengeurs en demi-teinte, les bien intentionnés, les rachetés, les rachetables, les porteurs de bonne morale. Le propos ici est à cent mille lieux des personnages auxquels on a pu être habitués dans les westerns traditionnels.

Parmi les 3 bandes qui nous tiennent compagnie tout au long de ces 2h28 de spectacle saisissant, les mercenaires mexicains apparaissent comme les plus odieux, les chasseurs de prime comme les plus cupides et stupides. Quant à la bande de hors-la-loi menée par Pike (le grand William Holden), c'est elle incontestablement qui emporte la palme de notre empathie : malgré la violence extrême, les tendances suicidaires (ou peut-être à cause d'elles), l'absence de but à leur existence en fin de compte, leur caractère misérable, l'esprit de corps qui règne au sein du groupe et qui se fortifie graduellement les rend attachants et humains.

Le ciment de l'entente des hors-la-loi, c'est bien Pike, le leader vieillissant qui ne songe qu'à réussir un dernier coup et se retirer. Se retirer de quoi ? Son camarade Duke (Ernest Borgnine) lui fait d'ailleurs remarquer leur condition insensée : "Te retirer ? Pour aller où ?". Il n'y aura pas de réponse.
Cet anti-héros désenchanté, c'est William Holden, tour à tour attendrissant, dur, sage ou irraisonné, qui apporte toute la profondeur au personnage emblématique du film. On le découvre un peu plus à travers les flash-back proposés avec parcimonie, tout comme on appréhende un peu mieux les motivations de Thornton qui, contraint et forcé, pourchasse Pike dont la tête est mise à prix.

Evidemment, nous n'aurons pas droit à la confrontation ultime qui fait foi dans nombre de westerns et de films d'action. Crime et châtiment, Bien et Mal, ce sont des notions qui resteront ambiguës et floues dans le film.
Peckinpah se contente d'user se symbolisme : les enfants s'amusant à observer l'agonie d'un scorpion dévoré par des fourmis, la croix autour du coup d'un chasseur de primes sanguinaire, les mêmes enfants du début qui quelques secondes après la fin du massacre dont ils ont été témoins, au cours duquel des voisins, des proches, des parents n'ont pas manqué d'être tués, jouent à se tirer dessus. Chacun a sa part de ténèbres…

Omniprésence du Mal, violence exacerbée, sexe aussi (on voit mal ce à quoi peut servir d'autre dans le film), tout cela fait de la Horde sauvage sûrement l'un des westerns les plus sulfureux de son époque.
Et au delà de ça un film mythique sur l'effondrement d'un Ouest mythique.

La mise en scène contribue en ce qui me concerne grandement à la fascination que ce film exerce sur moi. L'entrée en scène des héros anti-héros, avec un générique prenant en parallèle, des arrêts sur image en noir et blanc avec comme support une musique tendue et grave, les ralentis lors des scènes d'extrême violence, l'usage du symbolisme je le répète, sont surprenants.

Le rythme du film est également étrange, avec un massacre placé tout à fait au début, suite auquel le plus déjanté et le plus incontrôlable membre de la troupe est tué (le cruel fait réciter des cantiques à ses victimes avant de les "tirer comme des lapins" avec une mine insupportable d'autosatisfaction primaire), et une bataille finale qui rehausse dans notre esprit la moralité (quoique extrêmement discutable) des hors-la-loi, qui de toute manière ne sont même pas en quête d'une quelconque rédemption.
Le plan large du quatuor qui s'avance vers le général Mapache en toute fin de film est absolument génial (Kasdan s'en est peut-être inspiré pour Silverado ?).

Violent, sulfureux, pessimiste, La Horde sauvage est le film mythique de Sam Peckinpah à voir absolument (celui qui attira tous les regards sur le réalisateur pendant un tout petit moment).




.::Sophie
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