Un film de Joseph L. Mankiewicz
Pays d'origine Gb
Durée 2h18
Sortie en France 14/12/2001
Sortie Mondiale
1972

Avec
Laurence Olivier (Andrew Wyke)
Michael Caine (Milo Tindle)
Alec Cawthorne (Inspecteur Doppler)
John Matthews (Tarrant)
Eve Channing (Marguerite Wyke)
Teddy Martin (Higgs)

Scénario Anthony Shaffer
Distribution Les acacias




 

Le limier
(Sleuth)
 
Un classique incontournable
 

26/08/2002
7 secondes de réflexion

120 minutes de retard pour 7 ans de réflexion (une performance remarquable, je l'admets). 7 pas et 7 secondes de réflexion plus tard, et mes yeux émerveillés, aguichés par l'affiche (Manckiewitz est une affiche à lui tout seul et bien plus encore), s'apprêtent à découvrir Le Limier.
Tandis que d'étranges décors de théâtre défilent à l'écran, le générique nous promet Laurence Olivier et Michael Caine en vedettes.

Manchiewitz, c'est un autre monde. Le Limier dépeint un univers de jeu baroque et cruel, malade, halluciné, hallucinatoire. C'est un huis-clos angoissant qui met en scène le singulier affrontement entre un riche et arrogant auteur de romans policiers, trompé par sa femme (Laurence Ollivier), et l'amant de celle-ci, un coiffeur distingué encombré par ses origines modestes (Michael Caine).
L'opposition de ces 2 personnages est exemplaire, qu'il s'agisse de leur âge, leur milieu d'origine, leur activité, leur style de vie, leurs perspectives. En revanche, tous 2 cultivent un ego démesuré, source d'une démence hallucinante.
Et si leur face à face est somptueux, le point de vue utilisé en est grandement responsable. Nous sommes l'élément extérieur, observant avec recul (pense-t-on) le jeu captivant qui se déroule sous nos yeux, qui nous apparaît avec une fausse distance, et dont nous sommes, à un moment ou à un autre, de pures victimes et parties.
Or le jeu, c'est l'enjeu du film. Une lutte pour dominer l'autre, qui rend parfois ridicule. Un jeu cruel, omniprésent, oppressant, qui donne l'occasion à 2 acteurs formidables d'illustrer une fois de plus leur talent. Ollivier est fabuleux en mari trompé prêt à tout pour humilier son rival. Caine ne l'est pas moins, hautement crédible dans le rôle d'un amant aux allures de gigolo obsédé par l'idée de perdre la face, basculant dans la déraison.

Manchiewitz sonde la psychologie humaine avec un cynisme non dissimulé : l'orgueil, la cupidité, le rapport à l'objet, le désir irraisonné de domination, de pouvoir, de supériorité sont quelques côtés sombres de l'homme que le réalisateur s'amuse à pousser à leur paroxysme chez 2 personnages emportés par leur amour-propre.

Scénario Remarquable

Le scénario est remarquable. Il suit les règles théâtrales (unités de lieu, de temps), s'appuie sur les retournements de situation et coups de théâtre chers aux romans policiers dont il fait une peinture au vitriol (il en épingle en particulier les auteurs) et sur une importance particulière accordée aux décors, en tous points sublimes, qui participent de l'atmosphère irréelle et fascinante du film.
Une atmosphère qui nous ensorcelle et nous voit fascinés par les mises en scènes des personnages, et du réalisateur.

Peu de films savent maintenir une intensité constante. Le Limier réalise cette prouesse de ne jamais faiblir et de nous impliquer, nous associer en permanence à ses accès de sadisme, de cynisme, de démence virtuoses.
La scène du labyrinthe, celle du choix du costume, celle du cambriolage (notamment sur l'échelle), sont tout simplement truculentes. Celle de l'escalier, de la recherche des indices, fortes et angoissantes.
Jusqu'au dénouement, point culminant d'un film exceptionnel, Le Limier se révèle être un grand morceau de cinéma, et laisse l'impression, indélébile, d'avoir rencontré le 7° Art.

Saisissant. Impressionnant. Grandiose quoi.

.::Sophie
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