De Gonzague de Laroque




 

Les homosexuels
 
Petit manuel des idées reçues sur l'homosexualité
 

11/07/2004
Ce bouquin est le vade-mecum essentiel pour répondre aux idées reçues (nom de la collection où il est édité d’ailleurs) sur l’homosexualité. Il évoque vraiment avec beaucoup de circonspection et d’intelligence tous les poncifs sur les homos, et soit les démonte avec finesse et logique, soit les remet en perspective et en contexte afin de relativiser certaines opinions. L’intérêt de cette lecture réside aussi dans l’approche psychologisante de l’auteur qui ne fait pas qu’inculquer et enseigner une autre vérité, mais donne tout au long de son argumentation des clefs pour comprendre et raisonner soi-même. Ainsi cet éclairage original et sans tabou nous libère des carcans dont on a, encore aujourd’hui, beaucoup de mal à s’affranchir.

Humaniste et psychologique

Je crois que cela m’aurait beaucoup servi il y a quelques années, pour répondre avec plus de sagacité à mes parents ou certains détracteurs de mon entourage. Outre cela, l’auteur développe une écriture limpide, concise et précise. Ses exposés, sous forme de chapitres qui reprennent les idées reçues une par une, sont assez brefs et extrêmement faciles à lire. Il oriente sa réflexion selon des références historiques sur le militantisme homosexuel, et grâce à son approche humaniste, psychologique et, je crois, surtout admirablement empathique, il donne un avis sensible et réfléchi.
Et son opinion est reçue avec autant de force et de persuasion qu’il l’expose avec rigueur et posément. Les préjugés qu’il évoque couvre un éventail très large et dans des domaines très différents. A ne lire que le sommaire, c’est ironiquement très drôle de voir l’étendue des clichés qu’on nous inflige encore aujourd’hui. Ainsi, il parle autant de l’origine du penchant lui-même que la manière dont les homos sont socialement et sociologiquement perçus, mais aussi les habituelles idées liées aux tabous et aux bonnes mœurs.

Rééquilibrer la donne

J’ai beaucoup aimé la manière dont, tout au long du livre, il rectifie des attitudes et des manières de s’exprimer qui ne sont pas exactes pour lui. Et en corrigeant ces expressions et ces vocables par d’autres plus adéquats et justes, il rééquilibre ainsi la donne et montre à quelle point la verbalisation est fondamentale. Ainsi on a l’habitude de dire aux homos qu’ils font le choix de leur sexualité, ce à quoi Gonzague répond avec lucidité :

« On retrouve bien souvent cette idée reçue dans les expressions telles que “on respecte ton choix” ! L’homosexualité et, plus généralement, la sexualité peut-elle être considérée comme un choix ? Certes comme pour l’hétérosexualité, nous choisissons de l’agir mais nous ne choisissons pas de l’être. »

Guérir des homos

De même, la manière dont on a essayé de guérir certains homos (en rappelant de tristes événements comme je l’avais fait aussi par cet article), et surtout les idées véhiculées par la recherche de l’origine de l’orientation sexuelle.

« En général, lorsqu’on pose la question : « comment devient-on homosexuel », on sous-entend en même temps “comment peut-on éviter de le devenir ?” »

Dans cette optique, il cite aussi Michel Dorais qui démantèle une croyance bien ancrée :

« La présence du trio père faible, menaçant ou absent, mère séductrice, dominatrice ou castratrice, et garçon timoré, même si elle se retrouve dans l’histoire de certains sujets, n’est guère prédictive d’une orientation homosexuelle. Un trop grand nombre d’hommes hétérosexuelles ont vécu cette dynamique sans ses conséquences présumées, alors que beaucoup de personnes homosexuelles ou bisexuelles n’ont rien connu de tel. Cela devrait suffire à prouver que des relations parents-enfants tourmentées ou « inversées » ne sont ni nécessaires ni suffisantes pour “provoquer” l’homosexualité. »

Homo, naturel ou pas ?

L’auteur répond aussi à ceux qui pensent que ce n’est pas « naturel » entre deux hommes, de la manière la plus simple qui soit :

« Finalement, l’homosexualité masculine est une somme de sexualité masculine. Par ailleurs, il n’existe pas de refus de l’altérité chez les homosexuels mais la quête d’un homme complétant son désir : la complémentarité peut exister entre deux hommes, comme entre un homme et une femme. »

La conclusion du bouquin est assez singulière mais très intéressante puisque Gonzague y généralise la genèse de ces idées reçues dans une acception toute personnelle du phénomène. Il dégage alors une problématique certes discutable mais tout à fait valable.

« Pourtant si complexes et si diversifiées que paraissent les discours sur le sujet, ils ne sont bien souvent qu’une formulation sans cesse réactualisée de deux idées uniques qui dépassent largement le simple cadre de l’orientation sexuelle : l’homme serait supérieur à la femme et sa seule destinée résiderait dans la procréation. Pour maintenir ces deux croyances, tous les moyens ont été utilisés : du sexisme à l’homophobie. N’est-il donc pas possible de réfléchir en dehors de la lutte des sexes et des sexualités ? »


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