De Isaac Asimov




 

I,robot
 
Harlan mon ami de 30 ans.
 

05/08/2004
Les Trois Lois de la Robotique s'affichent à l'écran. Puis le plan suivant montre un liquide rempli de bulles. Voilà comment démarre le scénario pour lequel Asimov a déclaré - alors que le projet de film était dans l'impasse - que c'était "le premier film de science-fiction achevé, complexe et de qualité".

L'histoire basée sur un recueil

L'histoire est en fait montée à partir de nouvelles du recueil Robots, d'Asimov: Robbie, Cycle Fermé, Menteur!, Evasion! et Lenny. Nous sommes en 2076. sur Aldébaran-C XII, lors des funérailles de Stephen Byerley, premier Président de la Fédération galactique, qui avait réussi à pacifier les mondes en guerre et à sauver la race humaine de la mort.
Le journaliste Robert Bratenahl, du magazine Cosmos, remarque la présence de Susan Calvin, qui s'était pourtant retirée du monde en 2055 après ses brillants travaux à l'U.S. Robotics. Que vient-elle faire là? Et si la liaison qu'on lui prêtait avec Byerley était avérée? Bratenahl essaye d'en savoir plus, et ça ne sera pas simple. Surtout qu'il va découvrir peu à peu, sans s'y attendre, un des plus grands secrets de l'Humanité depuis la création des robots. Juste l'intuition pour lui que la présence de Calvin a une signification bien plus qu'anecdotique.
Le scénario est ensuite digne d'Asimov. Ainsi, les Trois Lois de la Robotique seront encore malmenées. Et vont encore montrer leur Puissance malgré tout. Avec, en filigrane, une réflexion sur le lien qui existe entre les robots et les hommes, un lien de création qui va au-delà de la simple subordination. Après tout, pourquoi ce titre?...

La Warner s'est chiée dessus

Ce scénario de Harlan Ellison a été présenté dès le stade de brouillon à Isaac Asimov, son ami de quarante ans. Qui a été tout de suite enthousiaste, voyant que l'histoire respectait les personnages et le style propre au roman fondateur du cycle (Robots &) Fondation. Le premier film sur ce cycle allait donc pouvoir être tourné. La Warner, propriétaire du scénario, n'allait pas pouvoir refuser....
Sauf que eh ben si. Une trentaine de millions de dollars, c'est trop, en 1980. Et puis les personnages ne plaisaient pas trop à Hollywood, on était trop loin de R2-D2. La Warner avait bien essayé de réécrire le scénario, mais ça ne donnait rien qui satisfasse un quelconque réalisateur, les meilleurs encore moins. Bref, la Warner s'est chié dessus et Asimov n'a jamais pu voir ce film de son vivant.

Se replonger dans Asimov

Il n'empêche. Ce scénario aurait vraiment pu faire un très bon film. On y retrouve toute l'ambiance de l'univers d'Asimov, et même s'il n'est pas très dur de recopier des passages entiers déjà écrit par le romancier, le raccrochage des scènes tient tout à fait, le montage intelligent convient à la fois au connaisseur et au néophyte des Robots, et les détails donnés sur les scènes auraient promis de très belles images, avec ce que permet la technique d'effets spéciaux aujourd'hui. Et puis de toute façon, si l'adaptation a rendu Asimov enthousiaste, on est mal placés pour critiquer ensuite. Mais quand bien même, ce script m'a donné envie de me replonger dans ce monde, de ressortir un des quinze volumes du cycle élargi de Fondation (qui commence par Les Robots et finit par Terre et Fondation), les seuls livres de science-fiction que j'ai jamais lus, en fait. Un peu dur sinon de dire pourquoi j'ai aimé ce livre, ça déflorerait trop l'histoire... [Voir les ouvrages d'Isaac Asimov]

Un poil mégalo

Juste un point quand même: Harlan Ellison donne un aspect parfois très scientifique à son livre. On y trouve de l'histoire précolombienne, mais aussi de l'électromagnétisme. Et puis cette relation E=hv, qu'Ellison appelle "principe d'incertitude d'Heisenberg". Il est très étonnant qu'Asimov n'ait pas réagi à cette appellation.
Parce qu'Heisenberg n'a jamais dit ça (il a dit "incertitude sur position"x"incertitude sur vitesse" > h/4Pi, c'est Planck qui a dit E=hv et qui a fait que cette relation s'appelle formule de Planck). Et en plus, on ne voit pas du tout ce que cette formule vient faire là, c'est plus du mauvais étalage de science à mon goût, une sorte de mégalomanie de l'auteur qui tomberait à plat. Parce que faire éclater une boule de lumière dans toutes les directions avec Heisenberg, non, qu'on m'explique un peu, là, ça ressemble à du n'importe quoi... (et puis la trad fait pas mieux, en traduisant silicon carbide par siliciure de carbone au lieu de carbure de silicium, hum...)

Enfin bon, auteur un peu mégalo, ça permet de prendre son avant-propos avec des pincettes. Mais sinon, ce bouquin, c'est 6,50 euros, 200 pages, 317 plans, la première fois que je lis le script d'un film, mais un régal.


[Voir les ouvrages d'Isaac Asimov]
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