Ma première lecture de Saramago. Une œuvre que l'on ne peut pas se permettre de lire entre 2 arrêts de métros ni de bus…
Une belle quête d'identité dans un univers si opaque qu'il pourrait être le nôtre.

Monsieur José (seul personnage du roman qui soit désigné par son nom) est préposé aux écritures au Conservatoire Général de l'Etat Civil. Une vingtaine d'années de service exemplaire derrière lui, cet homme dont l'existence est si morne va basculer en l'espace d'une seconde. Cette seconde où, parmi ses papiers, il trouve la fiche d'une inconnue.
Notre homme collectionne des fichiers de renseignements sur les célébrités dont il enferme soigneusement, dans ses classeurs, les photos de magazines et caractéristiques dénichées lors d'incursions nocturnes au Conservatoire.
Qui est donc cette inconnue qui s'est glissée dans son univers raisonné ?

Monsieur José part en quête de cette femme sans visage dont nous ne connaîtrons jamais le nom. Ce monde est celui de l'anonymat, dans lequel aucun n'existe vraiment mais fonctionne, plutôt que d'être.
Après 50 ans sur cette terre, Monsieur José va décider à son insu (d'abord) d'exister. Il part à la recherche d'une autre, et c'est lui qu'il découvrira au bout du chemin, lui dont il prendra possession, enfin...

Avec cet art des phrases interminables qui peuvent déplaire, avec un style direct efficace qui fait penser à Queneau, Saramago fait vivre le récit.
Et si l'univers qu'il dépeint rappelle un peu le monde Kafkaïen, il n'en manque pas pour autant d'espoir et de sens...

Un beau conte philosophique sur la vie et la mort.