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![]() L’odyssée de l’espace D’emblée, « Hunted by a Freak » impose sa marque, comme une évidence. Ce titre est un des meilleurs jamais composés par le groupe, décollant à la verticale dès les premières secondes pour un voyage spatial aussi dense que dépaysant. Pas de fausse apesanteur ici mais une vraie étreinte, puissante et exaltante. Content de vous retrouver les gars, vous nous manquiez, on embarque sans réserve dans votre nouvelle odyssée ! « Moses? I Amn’t » explore ensuite magnifiquement et sobrement le versant mélancolique de Mogwai, veine rarement mise en avant dans les commentaires autour des écossais. Ces deux premiers titres sont la meilleure réponse à leurs détracteurs, nous sommes loin de prétendues recettes éculées. Mogwai bouleverse l’auditeur comme peu savent le faire. La suite du disque est du même tonneau. La beauté épurée et simple de « Kids will be Skeletons » nous ramène aux meilleures heures de l’aventure. Un nouveau grand sommet se profile alors avec « Killing all the Flies », qui débute comme un morceau des merveilleux islandais de Sigur Ros, avant de basculer brutalement dans le grand brasier allumé régulièrement par les écossais. Mogwai est fidèle à lui-même et ces premières morsures de l’album se fondent à la perfection dans ce climat contemplatif, qui se prolonge avec les voix éthérées de « Boring Machines Disturbs Sleep ». Il ne sera pas dit qu’un seul album de Mogwai ne soit pas traversé par un imposant morceau de bravoure. Au panthéon des longues pièces construites au fil des années par les écossais, « Ratts of the Capital » tient alors son rang, fier de ses huit minutes, déroulées sans effort ni artifice. « Golden Porsche » arrive ensuite, avec ses arpèges d’une insondable tristesse et son économie de moyens si féconde (une mise sous tension au ralenti, quelques notes de piano). La grâce de ce court morceau est infinie. Mais les (bonnes) surprises sont loin d’être épuisées puisque tombe alors du ciel « I know you are but what am I ? », qui nous transporte du côté de la musique minimaliste de Boards of Canada. Cette longue plongée en apnée intrigue puis séduit par son motif répétitif et obsessionnel. Mogwai se renouvelle avec légèreté et sincérité, loin des expérimentations fumeuses et des calculs sinistres d’un Blur, dont les écossais se moquaient il y a quelques années. Le hasard des calendriers (et l’ironie de l’Histoire ?) fait que les deux groupes sortent un nouveau disque en même temps. La comparaison est accablante pour Damon Albarn et ses hommes. Mais revenons à nos moutons et à ce splendide quatrième album de Mogwai. Sa conclusion est à la hauteur des morceaux précédents puisque « Stop Coming to my House », dans le style si caractéristique du groupe, orchestre une lente et panoramique montée en puissance et finit par dévoiler une incroyable profondeur de champ. Le disque s’achève alors, le voyage se termine. Mogwai vient de livrer un chef d’œuvre. Un de plus. |
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